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Texte extrait du site ORPHANET
Auteur : Pr Jean-Marie SAUDUBRAY
Nom de la maladie et ses synonymes : Déficit en galactose-uridyl-transferase, galactosémie classique
Critères diagnostiques / Définition :
Le déficit enzymatique parfois diagnostiqué par dépistage néonatal donne lieu à une accumulation de galactose
galactitol et de galactose-1-phosphate. L'affection débute dès les premiers jours de la vie.
Les signes cliniques sont le refus de boire, les vomissements, un ictère, un état léthargique, une hépatomégalie,
un oedème et une ascite. Non traitée, l'affection évolue rapidement vers la défaillance hépatocellulaire et rénale
avec septicémie à gram- (colibacille) en quelques jours. La cataracte nucléaire apparaît en quelques jours ou semaines et
devient rapidement irréversible d'où la nécessité du diagnostic précoce et du traitement.
Mode de prise en charge incluant les traitements
Dès qu'on soupÇonne la galactosémie, il faut supprimer le lait de toute urgence. Le traitement repose sur l'éviction draconienne et
définitive du galactose du régime tout en sachant cependant qu'il existe une synthèse endogène de galactose inévitable et
que de nombreux aliments réputés sans galactose en contiennent en fait de petites quantités, soit sous forme de galactolipides
ou de polysaccharides ou sous forme d'oligosaccharides dans le raffinose et stachyose. Inversement, il faut savoir que le gruyère
l'émmenthal et le tilsiter suisses ne contiennent pas de galactose et représentent donc une source irremplaÇable de calcium dans le régime.
Quelques milligrammes de galactose alimentaire donnent lieu à une élévation appréciable du galactose-1-phosphate érythrocytaire et
donc probablement également dans les tissus sensibles que sont le foie, le rein et surtout le cerveau. Il faut donc expliquer aux parents
le maniement des tables des aliments et leur apprendre à lire soigneusement les étiquettes.
Il faut préférer les aliments naturels aux aliments
du commerce qui contiennent souvent du galactose à l'état de trace dans les produits de conservation.
La surveillance du traitement se fait par le dosage périodique du galactose-1-phosphate érythrocytaire qu'il faut maintenir entre 3 et 5 mg pour 100 ml.
Il est quasi impossible de descendre au dessous de 3 mg pour 100 ml. Ce régime strict met à l'abri des complications hépatiques et
rénales ainsi que de la cataracte. En revanche, il n'empêche par l'apparition de lésions cérébrales subtiles qui s'expriment à l'âge
scolaire par des difficultés visuo-motrices et du schéma corporel donnant lieu fréquemment à des difficultés scolaires bien que le QI
proprement dit soit normal. Le traitement diététique doit être poursuivi chez les femmes enceintes en raison du risque d'intoxication
fœtale par le galactose-1-phosphate. Enfin, l'accord est fait sur la nécessité de traiter par un régime pauvre en galactose les màres
hétérozygotes. Les nouveaux-nés atteints nés de màres traitées sont normaux à la naissance.
Méthodes de diagnostic biologique
Le diagnostic repose sur la mise en évidence de l'accumulation de galactose-1-phosphate érythrocytaire (spot test)
sur lysat de globules rouges et sur la démonstration du déficit enzymatique en galactose-uridyl-transférase sur globules rouges
et globules blancs ou culture de fibroblastes. On détecte facilement les hétérozygotes de la forme classique qui présentent un
grand intérêt diagnostique quand l'enfant a été malencontreusement transfusé avant le dosage enzymatique. Il existe plusieurs variantes
moléculaires dont la variante Duarte qui laisse persister une activité résiduelle et qui n'est pas symptomatique.
Quelle que soit la qualité du traitement et sa précocité, une fille galactosémique sur deux présente une insuffisance ovarienne primaire.
Celle-ci doit être dépistée par le dosage régulier des gonadotrophines et des oestrogènes à 1 ans, 7 ans, 12 ans, puis chaque année.
L'élévation précoce des gonadotrophines est un indicateur prédictif de l'apparition de l'insuffisance ovarienne avant 20 ans.